Art et Essai : Doubles vies, un film français d’Olivier Assayas, avec Guillaume Canet (Alain, l’éditeur), Juliette Binoche (sa femme), Vincent Macaigne et Nora Hamzawi (le romancier et sa compagne), Christa Théret (Laure, la responsable de la transition numérique auprès d’Alain).
Doubles vies : c’est surtout un double sujet, et sans doute un de trop, d’une part sur le numérique qui concurrence l’édition papier, d’autre part sur l’inspiration d’un romancier qui se limite à sa vie amoureuse…
Un film « assez bavard » comme l’a dit Frédéric Pic à TV Libertés, et ce bavardage sur différents sujets m’a paru trop important en quantité, et insuffisant en qualité, pour faire « un bon film », même si on ne s’ennuie pas.
Le bavardage majeur concerne l’avenir de l’édition, et aurait pu être plus intéressant s’il avait été mieux structuré et plus approfondi. Il aurait fallu, selon moi, en regard de l’e-book, de la liseuse et de la tablette, développer le lien corporel, le lien charnel qui unit le lecteur à son livre : avec un bouquin, en effet, on dialogue, on le prend, on le reprend, on en souligne certains passages, on l’annote, on le feuillette, on revient dessus, on s’endort avec…
En outre ce bavardage a été desservi par la manie des acteurs de vouloir faire vrai en parlant à mi-voix sans suffisamment articuler ; la palme, en l’occurrence revient à Christa Théret, mais j’ai déjà souvent reproché ce défaut à Vincent Lindon.
Un deuxième bavardage du film mérite d’être relevé qui porte sur la ville de Laval et le département de la Mayenne… Il illustre le parisianisme des « People », parfaitement d’actualité quand on considère la jacquerie des Gilets jaunes. J’aimerais être sûr que ces acteurs n’aient pas purement et simplement reproduit devant la caméra des propos qu’ils tiennent en privé.
Un troisième bavardage est plaisant sur la réalité et la fiction, le réel et le ressenti, des convictions affichées de l’homme politique, et de sa « com »…
Que dire de plus ?
Qu’après La Favorite et Colette, jamais deux sans trois, nous avons encore eu malheureusement droit au culte de Sapho… Il faut bien convaincre le bon peuple des spectateurs de la normalité de la chose… L’homme politique, d’ailleurs, aussi, est homo.
Finalement, rendons grâce à Vincent Macaigne et, dans une moindre mesure, à Nora Hamzawi, de sauver le film…
Mais c’est vrai que je n’aime pas Guillaume Canet, avec son air suffisant à la Macron.